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Le petit Jésus a disparu !

Le petit Jésus a disparu !

Dominicale N° 125 (24/12/2006) - 4e dimanche de l’Avent (C) - Temps de NOËL

(extraits éditorial Journal des Hautes de Seine)

Des vitrines de pâtissiers ou de libraires, toutes sortes d’emballages montrent qu’il reste quelques bribes d’une histoire touchante, où il est question d’anges, d’étoiles, de moutons et d’un bébé sur la paille. Ce sont les derniers filons qui relient encore l’inconscient d’un grand nombre de Français à la vérité de Noël. Toute cette histoire, ou ce qu’il en reste, ne serait d’ailleurs que pour les enfants, auxquels il ne faudrait pas trop en dire sous prétexte de respect de la laïcité ou des autres religions. C’est ainsi que par des parents, des enseignants et des éducateurs incultes s’opèrent ce qu’on appelle une rupture de tradition et une perte d’identité. Je ne parle pas ici de la transmission des vérités de la foi, mais d’abord d’une capacité de dire aux jeunes générations ce qu’est Noël pour les chrétiens. Mais allons plutôt voir dans notre maison et balayer devant notre porte, et peut-être même devant notre crèche.

Noël pour méditer et prier. Une crèche aide à lire l’Évangile. Elle illustre un des grands mystères de la foi chrétienne. Elle permet de susciter la prière et d’initier les enfants et les catéchumènes. Elle rappelle à tout chrétien sa dignité et sa mission. Une prière devant la crèche réveille, dérange, stimule, encourage et apaise. Marie, qui vient de mettre au monde Celui qui est à la fois son fils et son Dieu, nous invite à renouveler notre foi en Jésus vrai Dieu et vrai homme. Joseph, discret et disponible, nous montre le chemin de la fidélité à Dieu et à nos engagements quand la vie est difficile et les événements incompréhensibles. Sachant que les bergers étaient des marginaux de la société d’alors, et les mages des étrangers, nous nous rappelons que le Sauveur est venu pour tous, qu’Il nous envoie en priorité vers les exclus et les brebis perdues, et qu’Il a dit : « J’étais étranger et vous m’avez accueilli ». Si nous prions devant la crèche, nous ne prions pas l’enfant Jésus. Cet enfant n’existe plus. Nous nous rappelons simplement que Jésus a connu notre condition d’homme en toute chose excepté le péché (Prière eucharistique n°4), qu’Il a donc été enfant, adolescent, adulte..... Que nous méditions dans le silence du cœur ou à l’aide d’images ou de statues, quand nous contemplons le Christ enfant ou adulte ou prêchant dans les villes et les villages ou mort sur la croix ou ressuscité, nous entrons toujours dans le mystère de Dieu fait homme...

Noël pour changer notre vie et celle de la société. Accueillir le message de Noël, c’est accueillir le Christ et nous laisser convertir. Les grâces de Noël sont multiples et variées. Elles sont pour nous qui cheminons dans la foi et pour que notre foi soit agissante. Une grâce de Noël pourrait-elle nous aider à voir clair dans le brouhaha préélectoral médiatique de notre pays ? Peut-on mélanger Noël et élections ? Oui, puisque Jésus est né pour révéler que Dieu est Père de tous et que nous sommes tous frères. Et c’est la raison pour laquelle les évêques du Conseil Permanent ont publié un document de réflexion Qu’as-tu fait de ton frère ? Bien entendu, il ne s’agit pas de consignes de vote, mais d’un appel à la responsabilité de tous pour que la fraternité soit mieux vécue en France et que chacun s’en préoccupe quand il vote, mais aussi au quotidien. Les évêques signalent des enjeux, des chantiers pour l’action politique en faveur des personnes, des familles, de la nation. Des responsables politiques ont réagi. Certains ont à nouveau profité de l’occasion pour renvoyer les évêques dans les églises et les sacristies. Ça les arrangerait bien que le Christ soit né dans un temple et qu’il y ait prêché toute sa vie un message intemporel. D’autres, avec condescendance, ont fait savoir que le document ne contenait rien d’original et exprimait la traditionnelle position de l’Église en faveur des pauvres, comme si les Prophètes et le Christ nous invitaient à être des « dames de charité style XVIIIe siècle », soulageant en passant les pauvres engendrés par des systèmes politiques et économiques qui n’auraient pas à être améliorés ou changés. Dans le document des évêques, il est aussi question de la famille et du travail, de l’Europe et de l’immigration, de la liberté et de la souffrance, de la responsabilité et de la fraternité.

Si j’évoque ce message et les réalités qu’il aborde, c’est parce que l’enfant Jésus est aujourd’hui le Seigneur ressuscité qui, dans la force de son Esprit, nous envoie dire, autant par nos actions que par nos cantiques et nos paroles : Un Sauveur vous est né... C’est une grande joie pour tout le peuple... Gloire à Dieu... Paix aux hommes.

Gérard Daucourt
Evêque de Nanterre


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